# 28 L’importance du sommeil

Dans la vie moderne, il est difficile de prendre soin de son sommeil. Et pour nos poilus, on ne se rend parfois pas bien compte s’ils ont ou non leur quota de repos.

Et parfois, on oublie qu’on a mis le lave-vaisselle ou le lave-linge sur heure creuse…. Ou que l’endroit que l’on a choisi pour le saint repos de notre poilu n’est pas si bien choisi

Cet élément, aussi anodin qu’il pourrait sembler, est en fait peut-être l’une des choses les plus importantes concernant la qualité de vie et la santé de notre toutou. Tout ce qui va suivre est tout aussi applicable pour nos poilus à grandes oreilles (ou petites) que pour nous, bipèdes à crinières (ou pas..).

Un manque de sommeil, chez l’humain est assez facile à observer. Mais comment savoir si le marchand de sable fait son travail auprès de nos chers poilus…

Pour tout savoir, commençons par le début.

Durant le sommeil, le cerveau, qu’il soit humain ou chien, va se nettoyer. Ce nettoyage s’effectue grâce au liquide céphalo-rachidien et au liquide interstitiel (liquide entre les cellules et capillaire sanguin (tout petits vaisseaux sanguins). Les échanges entre ces deux fluides permettent d’évacuer les déchets cellulaires et de nettoyer le cerveau. A dire vrai, on peut l’imaginer comme une vague qui passe paisiblement chaque nuit sur le cerveau pour qu’il soit comme neuf le lendemain.

Cette action est très importante, notamment dans le vieillissement cérébral. Un mauvais nettoyage va accélérer le vieillissement du cerveau et affecter l’apprentissage. C’est loin d’être un détail.

Le sommeil est donc important car s’il vient à manquer, même une nuit, cela va avoir des conséquences multiples.

Petite note : le rythme circadien a aussi son rôle à jouer. En effet, suivre les rythmes jour/nuit est important. Si votre poilu est constamment perturbé par des aléas de relais jour nuit, ou enfermé dans une pièce avec la même lumière en permanence ou au contraire, toujours dans le noir, on peut aussi rencontrer quelques soucis sans le savoir (et pas seulement nos poilus d’ailleurs). Il est très important d’être exposé à la lumière du jour ! (la vraie).

Pourquoi ce lavage de cerveau est-il si important ?

La capacité d’un individu, humain ou canin, à se concentrer dans le but d’arriver à ce qu’il veut est importante. Il va donc avoir besoin de porter son attention sur une tâche spécifique. Cette attention, lors d’un déficit de sommeil, va être altérée. Le maintien de l’attention devient donc difficile et on se retrouve avec un individu qui va vite « décrocher  » car il se retrouve dans l’incapacité de faire durer son attention dans le temps.

Et ce n’est pas tout. Ce manque de sommeil affecte aussi ce que l’on appelle la mémoire de travail. La mémoire de travail est la capacité à retenir des informations de manières temporaire (mémoire à court terme) et de la relier à des informations déjà stockée dans le cerveau. Cette mémoire participe notamment à la prise de décision et à la proposition d’un comportement adapté.

Anatomiquement, la mémoire de travail fait appel aux mêmes structures cérébrales que l’attention. Il est donc évident que si l’attention est altérée, la mémoire de travail l’est aussi. On a donc un petit toutou qui a bien du mal à se concentrer et à prendre une décision.

Et puisqu’on parle de décision, une autre fonction cérébrale importante est altérée durant le manque de sommeil, c’est le système de la récompense . Et oui, nos amis le striatum (ganglions de la base), le cortex préfrontal et le cortex orbitofrontal (ou encore appelé subproreal gyrus) sont impliqués dans la motivation et l’apprentissage.

Cependant, ces structures n’échappent pas non plus aux conséquences d’un manque de sommeil.

Aussi ?

En effet, durant une privation de sommeil, on observe une altération de la motivation, notamment dans les comportements impliquant une prise de risque, ou encore dans l’impulsivité (manque d’analyse).

L’impulsivité va donc se présenter sous la forme d’un comportement produit sans réflexion ou réelle prise de décision.

Mais comment ça se fait ?

Et bien à cause d’une modification de l’axe dopaminergique. La sensibilité de cet axe est altérée à l’échelle cellulaire et la disponibilité en dopamine est modifiée dans la région des ganglions de la base (les revoilà). On a donc un changement de la fonctionnalité de l’axe de la récompense dans le cerveau de nos poilus (et dans le nôtre aussi d’ailleurs). Ainsi notre joyeux canidé n’est plus à même de faire une véritable différence entre la valeur des récompenses.

Et là où les problèmes commencent, c’est que l’encodage récompense/punition fonctionne moins bien, et là notre canidé n’est plus à même de prendre une décision optimale selon les situations et pourrait bien prendre des décisions étranges…

Notre canidé va donc avoir un coté go/no-go (j’y vais /j’y vais pas) complètement dérégulé, et va donc faire des choses qu’il ne ferait pas d’habitude.

Ce n’est pas tout.

Il y a encore (et oui!!) un élément intéressant qui a été observé chez l’humain, et il y aurait fort à parier que ça ne se passe pas si différemment chez nos amis poilu.

En temps normal, notre cerveau est en état de repos ou actif (de façon simplifié). C’est à dire que, de façon très simpliste, notre cerveau se met en mode repos, ce qui implique que certaines structures sont plus actives que d’autres et inversement lorsque l’on passe en mode actif.

Une sorte de on/off alternatif.

Hors, lors d’un manque de sommeil, il n’y plus de séparation des deux modes, et on se retrouve avec une sorte de mode veille qui utilise un peu tout en même temps, d’où notamment une altération des réseaux habituels de décision etc.

Le souci, c’est que finalement, un manque de sommeil a des conséquences sur nos actes et nos prises de décision. Et chez nos toutous aussi. Hors, quand nous sommes fatigués, nous, humains, le faisons savoir assez vite. Mais quand il s’agit de nos toutous, savons-nous vraiment reconnaître la fatigue ? Et la fatigue chronique ?

Car de nombreux problèmes de comportement peuvent finalement découler d’un manque pur et simple de sommeil, l’anxiété en faisant partie.

La solution est donc à portée de main, prenez un bon coussin (ou un bon canap ^^), un peu de tranquillité et laisser vos toutous rejoindre les bras de Morphée!

Conseils Toutous

Bibliographie:

Xie et al., Sleep Drives Metabolite Clearance from the Adult Brain ; Science, 2013, 342(6156)

Krause et al., The sleep-deprived human brain, Nat. Rev. Neurosciences, Vol. 18 (404-418) (Ne parle pas que des cerveaux humains…)