# 25 MDR1, Multi-Drug Resistance 1 ou une histoire de gènes et d’antiparasitaire- Partie 1

Nos joyeux canidés, tout comme les bipèdes que nous sommes, ne sont pas tous égaux du point de vue physiologique. Et en tant qu’humains, nous avons la lourde de tâche de prendre de soin de la santé de nos canidés. Cela passe parfois par la médication, notamment lorsqu’on parle d’anti-parasitaire.

Cependant, et certaines personnes hélas en ont fait la douloureuse expérience, les anti-parasitaires (et pas que) peuvent aussi représenter un vrai défi. En effet, ils représentent un risque pour nos chers poilus, et nécessitent l’avis du vétérinaire avant usage. Et nous allons voir pourquoi.

Dans l’organisme, il existe des systèmes qui protègent ce dernier des molécules toxiques. Notamment des protéines, se situant sur la membrane cellulaire, qui vont avoir pour tâche de sélectionner ce qui rentre et ce qui ne rentre pas dans la cellule. Et tel un videur de boîte de nuit, ces protéines vont donc refluer tous les produits toxiques en dehors de la cellule et les laisser continuer leur chemin jusqu’à leur évacuation par les selles ou les urines.

Quand ces petites protéines font leur travail, on pourra dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, quoique ce n’est pas exactement vrai. En effet, ces petites protéines ont leur limite, notamment quand la quantité de toxine est trop importante. C’est à ce moment là que l’on arrive à ce que l’on appelle la dose toxique. C’est à dire qu’au delà de cette dose, l’organisme ne peut plus filtrer, car la quantité est trop importante, on a alors des conséquences pour la santé de nos poilus.

Mais d’abord, faisons le point  sur ces systèmes de protection.

Dans l’organisme, il existe ce que l’on appelle des barrières physiologiques qui empêchent donc les molécules toxiques de rentrer ( différent du système immunitaire, ici on parle d’une autre système de protection). Ces systèmes sont donc équipés en protéines de filtration. Ainsi, lorsqu’on utilise un antiparasitaire, on va tuer le parasite, pas l’hôte.

Ces systèmes existent à différent niveau. Les plus connue sont la barrière intestinale (BI) et la barrière hémato-encéphalique (BHE). Ces barrières sont en vérité un ensemble de cellules qui vont faire l’intermédiaire entre la lumière intestinale (contenu des intestins) et le sang (BI) et entre le sang et le cerveau (BHE) respectivement.

D’autres systèmes de protection, qui cette fois permettent l’élimination des toxines, sont les cellules dédiées du foie et des reins qui vont permettre de filtrer et d’évacuer les toxines dans la bile ou dans l’urine. Ainsi, on peut voir qu’il existe donc des endroits critiques qui sont naturellement protégés des molécules toxiques.

Je vous parle de la BHE, de la barrière intestinal, des cellules filtrantes du foie et des reins car dans le cas des chiens sensibles aux antiparasitaires, et bien c’est à ce niveau que tout se joue, et on va voir pourquoi.

Aujourd’hui, il existe 13 races de chiens reconnues comme potentiellement porteuse de la mutation nt230(del4)MDR1. Parmi ces 13 races, on retrouve les Colley, les mini bergers australiens, les bergers des Shetland, les bergers australiens, les bergers blanc suisses, les Whippet à poils long, les lévriers de Soie, les McNab, les Wäller, les bobtails, les Colley de ferme, les bergers Allemands et les Border Collie. Les croisés ne sont pas à l’abri, car eux aussi peuvent être porteurs de cette mutation1.

D’accord, mais c’est quoi cette mutation nt230(del4)MDR1 ?

Commençons par le début. Une mutation, c’est une modification rare (souvent dysfonctionnelle), accidentelle ou provoquée (OGM) de l’ADN génomique, c’est à dire l’ADN du génome d’un individu (réf. Wikipédia). Le génome étant l’ensemble des gènes qui sont à l’origine de l’individu.

Cette mutation est située sur le chromosome 14 du chien (qui en possèdent 78), au niveau du gène MDR1 (aussi appelé ABCBC1, oui les chercheurs aiment bien donner plusieurs noms au même gène).

Intermède génétique 

Le chien possède 78 chromosomes, soit 39 paires de chromosomes, dont 38 homologues et 2 chromosomes sexuels, qui peuvent être XX ou XY. Cela veut dire que chaque gène est représenté sur 2 chromosomes homologues (sauf dans le cas XY – mâle). Exemple : les deux chromosomes 14 possèdent chacun un gène MDR1 et plus spécifiquement, une version du gène. En effet, bien que le gène soit le même, il peut être différent. On appelle cela une version du gène, ou un allèle.

Prenons un exemple :

Considérons l’organisme comme une voiture. Une voiture est un véhicule qui consomme du carburant. Cependant, le carburant peut être de différente nature. La voiture peut consommer du diesel, de l’essence, du GPL ou de l’électricité. Votre voiture va donc bien consommer, de manière universel, du carburant, car toute les voitures consomment du carburant. On va donc avoir une voiture dont le gène du carburant va déterminer la nature de ce dernier.

On va donc avoir plusieurs versions du gène qui vont correspondre soit à la consommation de diesel, soit d’essence, soit de GPL ou soit d’électricité.

Ces versions du gène qui sont différentes sont appelées des allèles. On a donc un gène carburant qui existe sous 4 formes alléliques : diesel, essence, électricité et gpl. Un allèle est donc une version du gène. Il a la même fonction globale mais présente des spécificités.

Allons un peu plus loin. Mettons que nous ayons une voiture hybride. Elle peut consommer à la fois de l’électricité et de l’essence. Elle aura alors deux versions du gène différentes. Elle aura l’allèle essence et l’allèle électricité. On dira alors que notre voiture est hétérozygote pour le gène du carburant. Si notre voiture est 100 % diesel, on dira qu’elle est homozygote, car les deux allèles du gènes seront les mêmes. (bien évidemment si on considère la voiture comme étant un organisme qui possède des paires de chromosomes).

Il en va donc de même pour le gène MDR1 qui est représenté sur chacun des chromosomes 14 de nos poilus. Et selon si notre chien est homozygote ou non, cela va aussi changer la donne.

La suite dans le prochain article:

Conseils Toutous

Bibliographie:

Tappin et al. ,Frequency of the mutant MDR1 allele in dogs in the UK, Veterinay Record 2012 Short communication

Geyer J. et Janko C., Treatment or MDR1 Mutant Dogs with Macrocyclic Lactones. Current Pharmaceutical Biotechnology, 2012, 13, 969-986.