# 22 Il était une fois la thyroïde… Partie 2: Le métabolisme (DCEDC #2)

Nous avons vu dans la première partie la régulation de la thyroïde par l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien.

Une fois les hormones thyroïdes sécrétées, elles vont voyager dans la circulation sanguine afin d’être acheminées aux organes cibles.

Pour bien comprendre le rôle de ces hormones, il faut d’abord comprendre ce que font ces hormones à l’échelle cellulaire.

Dans la circulation sanguine, on retrouve principalement de la T4 circulante, et un peu de T3. La T3 est considérée comme étant la forme active de l’hormone thyroïdienne, et la T4 la forme inactive, soit ce que l’on appelle une pré-hormone.

Et à dire vrai, cette T4 est très importante. Elle pénètre dans les cellules afin d’y jouer un rôle des plus fondamentaux dans le métabolisme : la production de chaleur, autrement appelée thermogenèse.

Mais comment ?

Et bien la T4 pénètre donc dans la cellule sous forme inactive. Pour la rendre apte à exercer son action d’hormone, elle doit donc être modifiée. Pour cela, dans la cellule, il existe une enzyme qui s’appelle la 5’déiodinase. Cette enzyme a pour fonction de retirer un groupement iodé et transformer la T4 en T3. Cette enzyme dépend de la disponibilité en sélénium pour fonctionner correctement. Si celui-ci vient à manquer, cela peut vite devenir problématique pour l’organisme qui ne peut plus convertir la T4 en T3.

A partir de là, cette T3 peut désormais se fixer sur son récepteur, et, à l’aide de co-agoniste (molécules autre que la T3 nécessaire pour activer la fonction du récepteur, comme l’acide rétinoïque par exemple), aller dans le noyau afin de moduler l’expression de nombreux gènes.

Parmi ces gènes, il y a celui de la pompe sodium potassium, élément qui se situe dans la membrane et qui génère des flux d’ions sodium et potassium. Ce sont ces flux qui sont à l’origine de la production de chaleur. Ces pompes fonctionnent grâce à l’énergie des cellules produite par les mitochondries, organites cellulaires spécialisé dans la production d’énergie.

Ainsi, l’hormone thyroïdienne permet aux cellules de produire de la chaleur, et cela va être très coûteux en énergie.

Les hormones thyroïdiennes sont donc fondamentales pour le maintien de la température du corps. C’est pour cela que les animaux hypothyroïdiens sont sensibles au froid. Cependant, certains animaux sont frileux aussi parce qu’ils ne sont pas bien équipés pour le froid. Donc prudence quant à l‘interprétation de la gestion du froid chez nos poilus.

Mais, ce n’est pas tout !

L’hormone thyroïdienne agit à l’échelle cellulaire, mais aussi au niveau de l’organe selon la spécialisation de la cellule.

En effet, les hormones thyroïdiennes participent à la libération et la consommation d’énergie. Ainsi, au niveau des organes de stockages comme les tissus adipeux ou encore le foie, elles vont permettre la libération d’énergie soit par lipolyse (adipocyte), soit par glycogénolyse (dégradation du glycogène dans le foie) ou encore la néoglucogenèse ( dégradation des acides aminés).

Les hormones thyroïdiennes participent aussi au métabolisme du cholestérol, notamment en favorisant l’absorption par le foie du « mauvais » cholestérol, correspondant aux LDL (low density lipoprotein = lipoprotéine de faible densité). Ce cholestérol est transformé en acide biliaire qui sera sécrété dans le tractus digestif et participe ainsi à la digestion.

Les hormones thyroïdiennes participent à de nombreux processus dans l’organisme (contractilité cardiaque, qualité du derme, croissance des os, croissance des muscles….). Elles ont aussi un rôle fondamental dans le développement cérébral. C’est pour cela que les animaux naissant avec une anomalie thyroïdienne ont une survie plus que réduite, car l’organisme n’est pas à même de se développer correctement.

En raison de ce problème de monopolisation d’énergie, les chiens hypothyroïdiens vont avoir tendance à être des chiens présentant des problèmes moteurs. Ce sont des chiens qui vont plutôt prendre du poids, ils ne courent plus, ils ne sautent plus, car ils n’en ont pas l’énergie.

Cependant, attention à ne pas confondre ce type de problème avec un chien dépressif (stress chronique) ou diabétique (diabète de type 2). Ces deux affections peuvent présenter un phénotype similaire, et même affecter la thyroïde. Et là, le problème ne pourra être résolu par un traitement hormonal. Un traitement à partir d’hormone thyroïdienne a été testé dans le cas de l’obésité chez l’humain, et en effet, cela aide à brûler l’énergie du corps. Cependant, le corps ne fait pas la différence en termes de production d’énergie quand il brûle des graisses ou du muscle. Ainsi, la perte de masse musculaire peut être un des effets secondaires d’un traitement de la thyroïde inadapté.

C’est pour cette raison, parmi tant d’autres, qu’il est aujourd’hui très complexe d’analyser si un chien présente ou non des problèmes de thyroïdes. C’est un tableau clinique organique complexe, et qui doit faire l’objet d’analyses et d’observations.

Il faut donc être prudent avec la thyroïde, car au-delà de sa participation au métabolisme, ses hormones régulent nombre de gènes et si la balance des hormones n’est pas respectée au niveau de l’organisme, cela peut avoir des conséquences importantes.

Il faut donc être vigilant lorsque l’on parle de problèmes de thyroïdes chez le chien, car un problème peut parfois en cacher un autre…

Partie 1 :

https://conseils-toutous.fr/2020/12/01/21-il-etait-une-fois-la-thyroide-dcedc-2-partie-1-regulation/