# 18 Le perfectionnisme, un bon ou un mauvais ami ?

Ce matin, je suis tombée sur un article publié dans la revue Veterinary Record donnant quelques conseils, visiblement pour les vétérinaires, pour gérer le perfectionnisme. En effet, ce trait de caractère peut être retrouvé dans le cadre médicale, en raison de la pression sanitaire et social qu’implique le fait de prendre soin de la santé de nos 4 pattes. Mais au fait, qu’est-ce que le perfectionnisme ?

Le perfectionnisme, par définition, consiste à vouloir atteindre la perfection, toutes imperfections étant inacceptables dans les formes pathologiques du perfectionnisme.

Les personnes perfectionnistes ont donc un référentiel de base extrêmement exigeant, et sont souvent extrêmement critiques envers elles-mêmes. Dans l’article, Catherine Oxtoby, manager en risque vétérinaire pour la Veterinary Defense Society explique que dans le milieu vétérinaire, les solutions mises en place ne sont pas toujours fonctionnelles et que les choses peuvent parfois mal se terminer. La poursuite de la perfection se termine souvent mal pour les vétérinaires et leurs équipes.

Les recherches actuelles sur le perfectionnisme suggèrent qu’il existe deux formes de perfectionnisme :

Le perfectionnisme adaptatif (PAD), qui consiste à accepter les petits échecs, de se donner des objectifs réalisables et de gérer le stress de la réussite. Ce perfectionnisme consiste à utiliser le renforcement positif pour développer les compétences des individus et assouplir leur attentes afin d’avoir une meilleure efficacité, une bonne estime de soi et favoriser leur bien-être.

Le perfectionnisme inadapté (PIN), quant à lui est très critique, la personne est très dure avec elle-même, et agit la plupart du temps dans la peur de la critique ou de l’échec. Ces personnes rentrent alors dans un cercle vicieux de perception de non accomplissement, paralysées par l’échec ou la peur de faire une erreur. Ce perfectionnisme inadapté peut conduire à la dépression, induire de l’anxiété ou encore un sentiment d’infériorité et à une faible estime de soi.

Dans cet article, l’auteur explique que dans le contexte vétérinaire, il est bon de faire du perfectionnisme adaptatif, afin d’améliorer la qualité de soin des patients (nos chères 4 pattes), et qu’il est fondamental de ne pas tomber dans le perfectionnisme inadapté, car les conséquences psychologiques sur la personne et son entourage professionnel peuvent être désastreuses.

Je vous parle de cet article car, dans le monde des toutous, nous sommes loin d’être protégé de ce problème. La volonté de perfection vis à vis de l’éducation et de la vie de nos toutous vient parfois s’inviter, et aussi chez les professionnels. Et lorsque l’on est professionnel et que le perfectionnisme inadapté vient frapper à notre porte, et bien, c’est tout sauf un bon moment à passer.

Le point que je souhaite mettre en lumière aujourd’hui, c’est que, pro ou pas, dans l’éducation de nos toutous, nous pouvons parfois être victime du PIN, et nous pouvons nous retrouver très vite paralysés. Nous n’arrivons plus à faire de choix et nos toutous peuvent vite pâtir de cette situation car au final, nous ne faisons plus rien, complètement paralysés par la possibilité de l’échec. Ou alors, nous devenons prisonniers du perfectionnisme, et nous en demandons trop à nos toutous, qui finissent encore une fois par payer les conséquences de nos actes. Et souvent, ils finissent par nous le faire savoir.

Alors, comment faire ?

Heureusement, il y a des solutions à ce perfectionnisme proche de nous faire perdre la boule !

On peut apprendre à le gérer !

On peut développer sa compétence d’identification du PIN ! (si si) et je dis compétence, car on ne fait pas disparaître son perfectionnisme (PIN) en deux jours, c’est parce qu’elle s’acquiert sur le long terme, comme une pratique de sport ou une modification de mode de vie.

L’idée est d’apprendre à reconnaître ce mauvais PIN, et voici quelques clés :

1. Identifier les signes avant-coureurs du PIN tel que :

_Les pensées du tout ou rien : j’ai peu ou pas de résultats, je suis nul(le).

_L’échec de la délégation : Je préfère tout faire moi-même car je sais que c’est bien fait (pas de confiance en d’autre personne). 

_La procrastination (oh que c’est bien connu la procrastination) : Je ne fais pas parce que je ne suis pas capable de le faire parfaitement. (Note : Procrastiner n’est pas forcement être perfectionniste, la procrastination peut avoir du bon !!! Cependant, il est intéressant d’identifier quand elle est liée à du PIN).

2. Discuter de ses erreurs et accepter les suggestions/feedback/critiques des collègues. Cela ne veut pas dire avaler sans détours toutes les critiques ou remarques, cependant les entendre, les prendre en compte, les analyser et prendre du recul. Le doute est bénéfique si il aide à faire avancer, non si il fait reculer!  (clin d’œil aux lecteurs du cycle des Marchombres de Pierre Bottero).

3. Le PIN peut être alimenté par la vision que les personnes ont de nous, comme les collègues, les clients, des amis et des proches.

Le but est de savoir être honnête avec soi-même à propos de ses erreurs, et de celles des autres, qu’ils soient plus avancés ou non dans leur discipline.

4. Faire de son mieux ! Nous sommes tous différents et aucune situation n’est similaire. Ce n’est pas parce que le chien des voisins fait des trucs top que vous êtes nulle avec votre chien parce que vous n’arrivez à rien (d’après votre analyse). Soyez tolérant et bienveillant envers vous-même. Faire de son mieux chaque jour ne veut pas dire ne faire aucune erreur au fil des jours. On apprend de ses erreurs. Et comme le dit le dicton bien connu « à chaque jour suffit sa peine ». Le meilleur d’un jour peut-être moins bien que la veille, ce n’est pas grave, le tout c’est de garder un esprit constructif, d’éviter la spirale infernale de l’auto-fustigation et de faire de son mieux.

5. Le PAD peut être intéressant et constructif, en même temps, il est très important de savoir identifier les moments où il se transforme en PIN. L’astuce : si vous sentez que vous n’êtes plus bienveillant envers vous-même, vous êtes sûrement en train de passer du côté obscur de la force.

La conclusion de ce petit article un peu hors des clous, c’est qu’il est important d’être bienveillant avec soi-même, et que le perfectionnisme inadapté représente tout l’opposé de la bienveillance. Il est donc important de savoir le reconnaître afin de ne pas tomber dans la spirale infernale de la perfection et de s’éviter des heures d’angoisses inutiles. Pratiquer le perfectionnisme adapté dans le but de s’améliorer est constructif, car il incite à s’améliorer chaque jour en prenant en compte chaque information, chaque expérience, positive ou négative, comme un enseignement. Ainsi, n’oubliez pas de vous féliciter, vous et votre 4 pattes, d’être parfait dans votre imperfection !

Oxtoby, C. (2018) Managing perfectionism Veterinary Record 183, 106.

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