13# Quand la nature protège nos canidés …

Petite parenthèse dans le cycle alimentation et inflammation.

Nos chers amis canidés, au même titre que nous autres bipèdes chevelus, développent de plus en plus de problèmes de peau de type inflammatoires. Ces problèmes ont été identifiés pour la plupart comme étant liés à notre mode de vie occidentale, urbanisé, et notre mode d’alimentation, trop riche en glucides et graisses de mauvaises qualités. Ce mode de vie, chez les humains, est à l’origine de nombreuses allergies. Il en va de même pour nos amis canidés, bien que les concernant, le phénomène allergique s’illustre plutôt par des problèmes de peau, notamment avec la dermatite atopique, que l’on retrouve aussi chez l’humain. On retrouve aussi souvent les allergies alimentaires, dont les symptômes sont très similaires chez les chiens et donc difficiles à identifier avec précision.

Il est reconnu aujourd’hui que les personnes vivant dans un environnement urbanisé et peu exposés à la nature ont une tendance bien plus importante que les personnes vivants à la campagne (exposés à la nature, animaux, végétaux, boues, bactéries …) à développer des maladies inflammatoires et des allergies. Il s’avère qu’il en va de même pour nos amis canidés.

Pourquoi ?

Et bien pour commencer, il faut savoir que dans les laboratoires de recherche, le modèle d’étude principalement utilisé est la souris. Cette espèce de rongeur partage en effet 90% de similarités génétiques avec les humains. Oui, mais le chien, lui, partage 95% de similarités avec l’humain ! C’est d’ailleurs pour cela, hélas, que certains laboratoires travaillant notamment sur des maladies génétiques ou neurodégénératives, utilisent le chien comme modèle d’expérimentation…et oui, notre petit toutou nous ressemble beaucoup plus que nous le pensions.

A partir de ces données, une équipe de recherche finlandaise a mené une étude publiée en janvier 2018 dans Nature Scientific Reports, qui montre que nos charmants canidés eux aussi, présentent un risque beaucoup plus élevé de développer des allergies ou maladies inflammatoires dans un environnement urbain et qu’un environnement rural ainsi que le contact avec des animaux de la ferme/forêt, sont plutôt protecteurs contre ces phénomènes allergiques et inflammatoires.

Bien évidemment, certaines races de chiens sont prédisposées à ces allergies. Cependant cette étude a étudié aussi bien les chiens « sensibles » et non sensibles et le résultat est sans appel, les bénéfices de la nature sont grands !

Ah oui ?

Oui, parce que la nature offre une opportunité d’exposition à de nombreux microbes et autres immuno-modulateurs et ainsi donner à notre 4 pattes un système immunitaire performant !

Parenthèse biologique.

Les réactions allergique sont dues à la production d’anticorps de type IgE, aussi appelé immunoglobulines de type E qui vont être spécifiques d’antigènes souvent non infectieux. En gros, l’organisme reconnait une molécule comme étant un danger pour le corps et fabrique de nombreux défenseurs spécifiquement contre cette molécule. Ces molécules étant des éléments que l’on rencontre souvent dans la vie courante (pollens, foins, œufs, lait…), elles vont déclencher une réaction immunitaire au point d’entrée (les muqueuses nasales pour le pollen par exemple) et induire une réaction de défense importante contre cet envahisseur en vérité inoffensif. Le but étant l’évacuation de l’envahisseur, l’absorption de l’antigène par exemple, au niveau intestinale, va provoquer l’activation d’organites qui vont être porteur des IgE en question : les mastocytes, les basophiles et éosinophiles (qui sont des cellules de l’immunité participant à l’inflammation). Ces organites vont avoir pour effet d’augmenter la sécrétion des fluides et l’augmentation de la contraction des intestins afin d’induire l’expulsion de l’antigène se traduisant souvent par des diahrées ou vomissements. C’est en vérité un mécanisme de défense mais finalement contre un agent inoffensif. Cependant une exposition répétée va avoir des conséquences, comme des dermatites atopiques par exemple.  Ainsi, si durant le développement du chien et donc le développement de sa base immunitaire, le chien est exposé à de nombreuses molécules diverses et variées, il saura faire la différence entre celles qui sont rares et dangereuses, et les autres. Par exemple, si nous rencontrons beaucoup de types d’animaux durant notre enfance, une fois grands, nous sommes tout de suite beaucoup moins effrayés car nous connaissons de nombreux animaux. Tandis que si nous n’avons jamais été plus loin qu’un poisson rouge, une baleine peut de suite devenir beaucoup effrayante qu’elle ne l’est en réalité. Il en va de même pour le système immunitaire (ou presque et sauf exceptions).

Revenons à nos allergies…

Le régime alimentaire pourrait, semble-t-il avoir une importance de taille dans le développement de ces allergies. Cependant, les données sur le sujet sont aujourd’hui encore trop maigres pour définir clairement le lien entre le type d’alimentation. De plus, les allergies et les enjeux économiques concernant l’industrie alimentaire des animaux de compagnies pèsent lourds dans la balance. Il est donc difficile de sortir des données sur le sujet sans y perdre quelques plumes.

La diversité canine est en fait un véritable casse-tête, car les chiens n’ayant pas tous le même profil génétique (voir article précédent), on ne peut que s’aventurer au cas par cas en termes d’alimentation.

Les chercheurs ont donc établi une corrélation entre les propriétaires et leurs chiens. Ils ont observés que les chiens allergiques avaient pour la plupart des propriétaires présentant des allergies eux aussi. Hors, il est désormais accepté que chez l’humain, l’environnement est très certainement le facteur principale de sensibilité aux allergies, et ces résultats apportent une confirmation qu’aux même causes les mêmes effets chez deux espèces animales différentes vivants ensemble dans les mêmes conditions. Bien évidemment dans cette étude, seuls des chiens de propriétaires furent étudiés et ce via un questionnaire rigoureux sur les habitudes de vie des humains et des chiens (aucun chien de labo ici). De plus, les chercheurs ont définis différents groupes afin d’étudier séparément les chiens à risques (races reconnues comme à risque) et les autres pour s’extraire des facteurs génétiques. Ils ont découvert que, avec ou sans prédisposition génétique, l’exposition à un environnement rural est favorable, dans les deux groupes, à une bonne santé.

La conclusion que l’on peut en tirer c’est que la balade en forêt ou en campagne est aussi bonne pour nous, humains, que pour nos canidés et finalement essentielle pour notre santé.

« Montre-moi ton canidé et je te dirai qui tu es »

Conseils Toutous

Références :

Hakanen E. et al., Urban environnement predisposes dogs and their owners to allergic symptoms. Nature Scientific reports (2018) 8 :1585

Lindblad-Toh K. et al., Genome sequence, comparative analysis and haplotype structure of the domestic dog. Nature (2005) 438:8.

Janeway, Travers, Walport, Shlomchik, Immunobiologie 2ème edition, de boeck.