#9 Le chien a-t-il des émotions? -Partie 2

Alors soyons des scientifiques matérialistes…
C’est donc en 2012 que le chercheur Gregory Berns et son équipe lancèrent le « projet chien », soit « the Dog Project » en anglais. La finalité de ce projet fut de comprendre ce qui se passe dans la tête de nos toutous mais sans porter atteinte à l’intégrité physique de ces derniers. Le but fut d’entraîner les chiens à rester dans l’IRMf (imagerie à résonance magnétique fonctionnelle) sans sédation et sur la base du volontariat.

Entraîner des chiens pour ces protocoles ne fut pas une mince affaire. Imaginez un chien restant allongé et immobile pendant plus de 15 minutes. Et pourtant, lui et son équipe l’ont fait et l’ont bien fait. Les chiens n’ont subis aucune contrainte durant le protocole expérimental, car le passage dans l’IRM se fit par « volontariat ». Les chiens pouvaient sortir à tout moment de l’IRM. Ils n’étaient ni attachés ni endormis durant l’expérience. Le premier chien ayant participé à ces expériences fut entraîné pendant 3 mois d’abord dans une salle factice (une salle avec une fausse IRM puis avec les bruits associés) puis ensuite familiarisé avec une vraie IRM pour ainsi faire les véritables expériences une fois le chien bien entraîné. Les chiens participants étaient tous des chiens de propriétaires et non des chiens de laboratoire élevés spécifiquement pour l’expérience.
C’est quoi l’IRMf ?
-J’ouvre ici une parenthèse technique nécessaire mais un peu dur à digérer…
Le principe de l’IRMf est basé sur la mesure de la variation de l’aimantation des noyaux hydrogènes des molécules d’eau. En plus simple : les neurones du cerveau consomment de l’énergie sous forme de sucre. Ce sucre provient du sang ou d’autres cellules nerveuses appelées des astrocytes (cellules de soutien qui prennent soin de nos petits neurones). Pour que les neurones transforment ce sucre en énergie, ils ont aussi besoin d’oxygène. Ils vont donc prendre dans le sang du sucre et de l’oxygène. Lorsqu’une structure cérébrale s’active, cela signifie que les neurones s’activent fortement et vont avoir besoin d’énergie. Ils vont donc solliciter les vaisseaux sanguins pour se fournir localement en oxygène. Cette sollicitation locale de l’oxygène porte le nom d’effet BOLD (blood-oxygen level dependant) c’est-à-dire « effet dépendant de la quantité d’oxygène dans le sang ». C’est cet effet qui est mesuré en IRMf. C’est le passage d’un sang pauvre en oxygène à un sang riche en oxygène qui va générer le signal capté par l’IRM. L’aimantation de l’hydrogène de l’eau contenue dans le sang varie selon les quantités d’oxygènes présents localement. C’est ainsi que l’on mesure l’activation d’une région du cerveau en IRMf.
Grâce ce protocole basé sur l’utilisation de l’IRMf, les chercheurs ont pu analyser l’activation de certains zones cérébrales des chiens. Il est à noter que les zones cérébrales chez le chien sont analogues à celles retrouvées chez l’humain. Cependant, la taille diffère. Il en va de même chez la souris, le rat, le lapin etc….
Ouf, la partie technique est finie…
Mais quel principe fut utilisé pour montrer les émotions des chiens ?
Pour pouvoir montrer que le chien peut ressentir des émotions, on utilise des récompenses dites ‘sans substance’ et ‘avec substance’. Je m’explique : des récompenses avec substance, ce sont des récompenses matérielles : un jouet ou, comme c’est le cas dans cette étude, une récompense alimentaire (saucisse). Une récompense sans substance est une récompense qui n’est pas matériel. C’est le ressenti vis-à-vis du stimulus qui constitue la récompense. La récompense sans substance va produire une émotion.
à suivre…
Conseils Toutous