#4: Le collier électrique : en vrai, ça fait quoi ?

Tous les propriétaires de chiens, ou presque, ont entendu parler du collier électrique. Principe : le chien effectue un acte non voulu par l’humain (aboyer par exemple), le chien reçoit un choc électrique d’intensité variable (car ces colliers sont réglables). Les effets sont souvent immédiats, le chien n’effectue plus l’acte. L’humain est satisfait.
Pourquoi cela fonctionne-t-il ?
Eh bien, c’est assez simple. Le collier électrique correspond à ce que l’on appelle un conditionnement de peur. On conditionne le chien à avoir peur de faire quelque chose sinon il recevra un choc électrique en retour. Ex : un collier anti-aboiement, le chien aboie… la caravane passe… ou plutôt le choc électrique, désagréable pour le chien voire douloureux.

Imaginez que vous mettiez la main sur une clôture électrifiée sans vous en rendre compte…. Le choc est douloureux, vous ne vous approcherez plus des clôtures : vous avez développé un conditionnement de peur.
Pourquoi je vous parle du collier électrique ? Quel lien avec la science ?
Et bien parce que type de protocole est courant au sein des laboratoires de recherches qui travaillent sur la détresse et la dépression notamment.
Pour faire simple, des souris (ou rats) sont disposées dans des cages dont le sol est une grille qui est électrifiée sur commande (ou encore la sonde est directement attachée à la queue de l’animal, il n’y a donc aucun évitement possible).
On conditionne les souris, généralement avec un signal sonore et/ou visuel, à ‘craindre le stimulus’. C’est-à-dire : durant les premier essais, le protocole suit la séquence suivante : la souris est disposée dans la cage au sol grillagé, un son se déclenche et/ou une lumière puis le choc électrique est envoyé. La souris associe l’environnement cage/son/lumière avec le choc électrique. Lorsque seul le son et la lumière sont exposés à la souris, elle va se tétaniser (de peur) dans l’attente du choc électrique, cette réaction est appelée « freezing » (de l’anglais « to freeze » qui signifie « geler»).
Lors du choc électrique, elle va, au départ, tenter d’échapper à cette situation désagréable. Quand le protocole expérimental est terminé (la phase d’entraînement où la situation a été répétée un certain nombre de fois) on retrouve deux possibilités : soit la souris va se résigner et cesser de vouloir échapper à ce stimulus. Elle va par la suite présenter un syndrome de détresse/dépression. Soit le stimulus n’est pas si important, elle va développer une résilience, c’est-à-dire qu’elle va s’adapter (stopper le comportement ou revenir à celui de départ).
Landgraf et collaborateurs montrent dans leur article qu’en réalité c’est l’impossibilité d’échapper au stress (choc électrique) qui induit la détresse chez l’animal et non le choc électrique par lui-même.
La situation est ici très simplement décrite afin de mettre en évidence plusieurs choses. Si on fait le parallèle avec nos chers toutous, c’est simple :
_ le collier est efficace sur une courte période puis n’a plus aucun impact : le chien ne voit pas le stimulus comme une contrainte insurmontable.
_Le collier est efficace, le chien devient résilient, il va faire avec.
_le collier est efficace mais le chien ne supporte pas cette situation, il se
trouve alors dans un contexte de détresse car il ne peut échapper à son collier.
Si cela persiste, la détresse devient une dépression.
Ainsi, il y a deux options : le chien peut vivre avec, malgré un certain inconfort et encore un interdit de plus, ou le chien va devenir dépressif. Ces colliers peuvent donc générer un véritable malaise chez le chien.
La dépression est grave chez l’humain, elle l’est aussi chez le chien.
Sachez donc que le collier électrique peut déclencher un panel de comportement chez le chien, de la frustration à l’anhédonie (perte de la capacité à ressentir de la joie, du plaisir) en passant bien sûr par l’agressivité voire la morsure. Il faut être conscient des conséquences lorsque l’on utilise ce genre de matériel, et surtout être informé. De plus, on ne connait pas toujours ni le passé ni les comportements des parents des chiens, on ne connait pas tous de nos cher toutous. On peut donc, sans le savoir, ouvrir une boîte de Pandore en utilisant ce genre de matériel.
Mon avis sur la question est simple : le collier électrique est à éviter.
Pour les lecteurs qui seraient choqués d’apprendre que ce type de protocole est utilisé de façon routinière en laboratoire, je tiens à préciser que le but de cet article n’est pas de juger la recherche. Ces protocoles sont utilisés dans les laboratoires afin d’étudier notamment la dépression. Je fais un parallèle scientifique avec ce qui est démontré scientifiquement, spécifiquement dans le cas du collier électrique. J’expose ici les faits, non mon avis sur la question.
Réference : “ Dissociation of learned Helplessness and fear conditioning in Mice: A mouse model of depression”, Landgraf et al., Plos One 2015
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